L'histoire de Moussa : Accès aux stylos à insuline dans les contextes humanitaires
En 2013, Moussa et sa famille ont dû fuir leur foyer en Syrie et ce voyage les a conduits à Arsal, une ville isolée située au nord-est du Liban. Selon les dirigeants communautaires locaux, près de 77 000 réfugiés syriens vivent désormais dans la ville et recherchent désespérément des produits de première nécessité tels que de la nourriture, un abri, de l’eau potable et des soins médicaux.
Moussa a reçu un diagnostic de diabète de type 1 à l'âge de trois ans et prend de l'insuline tous les jours pour contrôler sa glycémie. Pour Moussa et sa famille, la précarité des conditions de vie à Arsal ajoute aux défis liés au traitement de cette maladie chronique qui dure toute la vie.
La famille – Moussa, sa mère, son père et ses quatre frères et sœurs – vivent tous ensemble dans une seule pièce. Au début de son traitement, l'insuline de Moussa lui a été fournie dans un flacon en verre, puis sa mère l'a injectée à l'aide d'une seringue. Chaque fois qu'elle prélevait l'insuline du flacon, elle s'inquiétait de l'exactitude de la dose qu'elle injectait à son fils. Un mauvais dosage pourrait entraîner des complications telles que l’hypoglycémie, une condition dans laquelle la glycémie chute en dessous des niveaux sains, ce qui peut parfois mettre la vie en danger.
Les injections devaient être administrées à la maison, car cela rendait certaines de ces difficultés plus faciles à gérer pour la mère de Moussa. Mais du coup, il devait parfois s'absenter de l'école l'après-midi pour rentrer chez lui et recevoir ses injections. Cela a réduit son indépendance et affecté sa confiance à l'école.
Moussa reçoit son insuline à la clinique MSF de la ville. Depuis juillet 2022, tous les enfants et adolescents traités à la clinique du diabète de MSF reçoivent des stylos à insuline de MSF pour les aider à contrôler leur maladie. Dans le passé, beaucoup d’entre eux, comme Moussa, utilisaient des flacons et des seringues en verre. Les adultes atteints de diabète de type 1 ont également récemment commencé à recevoir des stylos à insuline.
La mère de Moussa explique comment elle fait face à la maladie de Moussa au milieu de ces défis :
« Au début, nous avons dû l'admettre à l'hôpital car je ne connaissais pas grand-chose sur le diabète, l'insuline et le traitement. Les équipes MSF m'ont beaucoup aidé et m'ont guidé pour mieux gérer la situation, sur la façon de lui faire l'injection, quel devrait être son mode de vie, quoi le nourrir et que devrait-il faire. Nous nous y sommes habitués maintenant, mais même après plus de cinq ans, cela reste un défi.»
L’utilisation des flacons et des seringues d’insuline était également problématique pour la famille, pour d’autres raisons. Par exemple, Moussa trouvait les injections avec l'aiguille de la seringue très douloureuses, et comme il avait besoin d'injections plusieurs fois par jour, cela créait un stress à la fois pour la mère et l'enfant, Moussa étant souvent réticent à recevoir les injections.
Depuis qu’il est passé aux stylos à insuline l’année dernière, bon nombre de ces défis sont beaucoup plus faciles pour Moussa et sa famille. L’utilisation de stylos a permis à Moussa de prendre le contrôle de son traitement. Il est capable de s'injecter lui-même, ce qui lui a donné plus de mobilité, d'autonomie et de confiance pour aller à l'école. Sa mère apprécie également la simplicité des injections avec les stylos.
Contrairement aux seringues, les stylos à insuline sont préremplis d’insuline, ce qui élimine le besoin de prélever à partir des flacons et simplifie l’ensemble du processus. Dotés d’un mécanisme pratique à molette ou à bouton-poussoir qui permet des ajustements précis de la dose, les stylos à insuline assurent une administration précise de l’insuline, ce qui permet aux enfants de l’administrer eux-mêmes. En revanche, les seringues traditionnelles nécessitent une mesure et un prélèvement manuels de l'insuline à partir des flacons, ce qui rend le processus de dosage plus complexe et potentiellement moins précis. La nature compacte et portable des stylos à insuline en fait également un choix idéal pour les personnes en déplacement, favorisant une meilleure observance des plans de traitement.
Le Dr Beverley Prater, qui travaille à la clinique MSF d'Arsal pour soutenir les personnes atteintes de diabète et d'autres maladies chroniques non transmissibles, explique que les enfants – tous les enfants – veulent se sentir « normaux ». Cela est particulièrement important dans les situations où de nombreux enfants et leurs familles à Arsal se retrouvent réfugiés. La montée du discours anti-réfugiés et les restrictions à la liberté de mouvement des réfugiés ont ajouté aux difficultés de la vie à Arsal pour des familles comme celle de Moussa.