L'auteure de Heartstopper, Alice Oseman : "Si vous n'avez pas de relations sexuelles ni de romance, vous avez l'impression de n'avoir pas réussi"

L'écrivain et illustratrice explique comment son "passe-temps étrange" est devenu une série YA à succès et un succès sur Netflix, l'importance de la représentation asexuée et les leçons de ses fans sur les morsures d'amour.

À 28 ans, l'auteure et illustratrice Alice Oseman a récemment réalisé ce que tant de ses pairs ne parviennent pas à réaliser : acheter un appartement. Mais au lieu d’abandonner Netflix pour pouvoir économiser pour un dépôt, comme Kirstie Allsopp l’a notoirement recommandé, elle a vendu au service de streaming les droits de sa série de bandes dessinées gay romance.

La série en question est bien sûr Heartstopper, la bande dessinée Web devenue roman graphique devenue émission Netflix que le critique de ce journal a qualifiée de « complètement charmante » lors de sa diffusion plus tôt cette année. L'histoire entre garçons et garçons, qui se déroule dans une école secondaire britannique, voit le capitaine de rugby Nick et Charlie, socialement maladroit, naviguer dans les amitiés, l'intimidation, le coming out – et tomber amoureux. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi l'adaptation télévisée a conquis les adolescents et les adultes, avec ses personnages adorables et ses clins d'œil décalés à ses origines de bande dessinée – par exemple, de minuscules animations de fleurs dessinées à la main forment un cercle autour des acteurs lorsque Nick et Charlie partagent leur premier baiser – et une injection de vedette sous la forme d'Olivia Colman (la mère de Nick) et de Stephen Fry (le directeur Barnes). Le succès de l'émission s'est traduit par une énorme augmentation des ventes de livres pour Oseman : la série Heartstopper s'est désormais vendue à plus de 6 millions d'exemplaires dans le monde. Le premier volume a récemment remporté le prix du choix des lecteurs Books Are My Bag et est candidat au titre de livre Waterstones de l'année 2022.

Oseman, qui est également l'auteur de quatre romans en prose pour jeunes adultes, sait que son expérience dans le monde de l'édition est rare. « Très peu de créateurs atteignent ce niveau de réussite, et j'en suis très conscient. Je me sens vraiment chanceux et reconnaissant d’occuper ce poste.

Elle met peut-être cela sur le compte de la chance, mais il y a une détermination tranquille dans la façon dont l'écrivain parle de son travail. À seulement 18 ans, elle a fait la une des journaux après avoir décroché un contrat à six chiffres pour son premier livre, Solitaire, qui raconte l'histoire de Tori Spring, 16 ans, une introvertie sardonique qui est persuadée à contrecœur par son nouvel ami Michael de l'aider à découvrir le monde. identité d'un hacker qui perturbe le réseau informatique de l'école. Qu’est-ce qui l’a motivée à envoyer ses écrits à des éditeurs à un si jeune âge ? «Je pensais que c'était bien», dit-elle simplement.

De toute évidence, elle n'était pas la seule : les maisons d'édition se disputaient le roman, que HarperCollins a acheté après une guerre d'enchères. L'annonce a été faite lors de la semaine de première année d'Oseman à l'Université de Durham, lorsque la rédactrice en chef Elizabeth Clifford a qualifié le roman de « l'histoire parfaite pour la génération Instagram Tumblr ». De Solitaire est né Heartstopper : Nick et Charlie, qui ont 16 et 15 ans au début de la bande dessinée, ont commencé comme personnages secondaires dans le roman, qui se déroule environ un an après le début de leur relation. Oseman les avait toujours aimés en tant que personnages et « savait qu’ils avaient une sorte de trame de fond ». Au départ, elle voulait raconter cette histoire dans un autre roman, mais « elle n'arrivait tout simplement pas à le faire fonctionner ».

« L'histoire de Nick et Charlie n'avait pas cette structure de début, de milieu et de fin que l'on retrouve dans un roman », dit-elle. La nature épisodique du format de la bande dessinée Web lui a permis de zoomer sur des périodes spécifiques de la vie des adolescents sans avoir besoin d'un récit global.

Oseman a grandi à Rochester, dans le Kent, avec une mère professeur de danse et un père qui travaille pour une entreprise d'électronique. Elle « détestait » le lycée local qu'elle fréquentait, voulant toujours « être à la maison pour écrire des histoires et faire des choses créatives ». Elle a commencé à travailler sur Heartstopper au cours de la dernière année de son diplôme d'anglais (« J'ai sauté beaucoup de cours »), à ce moment-là, dessiner la bande dessinée lui semblait être « un passe-temps très étrange », plutôt que quelque chose qui pourrait réellement être lucratif. Le premier opus a été mis en ligne en septembre après l'obtention de son diplôme, et un groupe de lecteurs dévoués a commencé à se développer.

C'est sans doute la connaissance directe de l'écrivain du fonctionnement des fandoms et des communautés en ligne qui a été la clé du succès de Heartstopper. Dès le début de la bande dessinée Web, Oseman s'est directement engagée auprès de ses fans, répondant à leurs commentaires et à leurs fan arts en ligne. En raison du grand nombre de messages, elle ne peut plus répondre à tous ses lecteurs, mais son dernier livre, The Heartstopper Yearbook, prouve qu'elle souhaite toujours cultiver ce fandom. L'annuaire, « un croisement entre un livre annuel et un livre d'art », s'adresse aux fans de la bande dessinée et de la série télévisée, avec des quiz, des guides de dessin et des informations sur les coulisses des personnages.